LA COMPLAINTE DU PROGRÈS, fil rouge de la 18e édition
PARISCIENCE met chaque année en lumière une thématique choisie parmi les sujets émergents de la sélection des films.
La 18e édition du festival Pariscience consacre une large partie de sa programmation à la thématique « La Complainte du progrès ». Ce concept se définit comme une « évolution régulière de l’humanité, de la civilisation vers un but idéal ». En ce sens, la science est une composante essentielle du progrès. En premier lieu, elle nous fait mieux comprendre le monde et nos origines. Le progrès technique nous a permis de disposer de nouveaux outils qui favorisent à leur tour l’émergence de nouvelles théories. Dans le domaine de l’exploration spatiale par exemple, la prouesse du satellite Hubble a porté notre regard au plus lointain de l’espace ; en volcanologie, l’amélioration des équipements et des instruments de mesure permet de sauver des millions de vies par la prévention du risque naturel, etc.
Depuis des siècles, l’humanité ne cesse d’inventer, d’innover, améliorant sans conteste notre confort et notre espérance de vie. Mais avec la multiplication des technologies, le mot « innovation » tend à se substituer à celui de « progrès ». Or, le progrès se définit comme devant s’appliquer à l’humanité. Un progrès n’en serait un que s’il peut bénéficier à tous. L’hygiène et l’assainissement de l’eau en est un bon exemple. Alors que dans nos pays développés on réfléchit à la pertinence de connecter des toilettes intelligentes, il est plutôt question ailleurs de mener des campagnes de construction de latrines, avec un véritable enjeu de santé publique. Ce constat va dans le sens que pour devenir progrès, un progrès technique n’est valable que s’il s’accompagne d’un progrès social.
Quant aux pures innovations, d’autres questions se posent. Une dichotomie se crée entre ce qui est possible et ce qui est souhaitable. L’exemple emblématique sur ce point est la radioactivité qui illustre le principe que toute innovation peut avoir un versant positif et un versant négatif et qu’il n’existe pas de neutralité de la technique. La radioactivité nous a en effet apporté de grandes avancées en matière médicale, mais aussi la bombe atomique ! Alors faut-il réguler inventions et innovations ? Un point est certain, on ne peut désinventer ce qui l’a été. Prenons le cas des insecticides : il est indéniable qu’ils soient un outil possible de l’agriculture, mais l’utilisation massive et déraisonnée de ces dernières décennies met en péril la biodiversité. Alors à quel moment faut-il intervenir ? Avant l’invention ou lors de la mise en application ?
Dans sa chanson de 1956, La Complainte du progrès, Boris Vian dénonçait l’emprise que prenaient le matérialisme et le capitalisme sur les relations amoureuses. Aujourd’hui aussi, toutes nos innovations et technologies n’ont-elles pas une contrepartie ? A l’heure où il nous faudrait près de 3 planètes Terre pour subvenir aux besoins de l’humanité, il semblerait que nous soyons allés un peu loin. Certaines innovations consomment et consument la planète, sans être forcément un marqueur de progrès. Il faudrait donc repenser les innovations pour qu’elles puissent s’appliquer dans un contexte économique, politique et social global et ainsi constituer un progrès. Comment y parvenir ? Isaac Asimov pose cette simple question dans son œuvre : La Science peut-elle résoudre les problèmes posés par la science ? La sélection de Pariscience, à défaut d’y répondre, nous invite à y réfléchir…
Les films de la thématique « LA COMPLAINTE DU PROGRÈS »
Autopsie d’un intelligence artificielle
Insecticide – Comment l’agrochimie a tué les insectes
Isaac Asimov, l’étrange testament du père des robots
L’Odyssée d’Hubble : un œil dans les étoiles
La Grande Bataille des toilettes
We’re All Gonna Die (Even Jay Baruchel)
Et une table-ronde…
Vendredi 28 octobre 2022 | 20h00 | Institut de physique du globe de Paris
Plus d’infos à venir.