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Vous trouverez ci-dessous :

  • une vidéo replay de l’échange enregistré en présence de Aymeric Guillot, Professeur des Universités à l’Université Claude Bernard Lyon 1, au sein du Laboratoire Interdisciplinaire de Biologie de la Motricité et de Elisabeth Scherrer, co-autrice et co-réalisatrice du film
  • une sélection de questions-réponses bonus (posées par les élèves).

Détails des chapitres :

1. Pour Aymeric Guillot / Que faites-vous en tant que scientifique, professeur des universités en biologie de la motricité ?
2. Sondage à destination des élèves : à votre avis, combien de temps a-t-il fallu pour faire le film (de l’idée à la diffusion) ?
3. Pourquoi avez-vous réalisé ce film ? Quelle est l’intention derrière cet épisode de la série ?
4. Est-ce que l’entraînement mis en place par la science fonctionne avec tous les sports et tous les athlètes ?
5. Pourquoi la technologie est si présente dans la préparation mentale ?
6. Les neurosciences, c’est quoi ?
7. Comment puis-je améliorer mon mental à mon âge ?
8. Quels types d’exercices mentaux pourrait-on proposer à des collégiens qui souhaitent être plus performants lors des devoirs sur table ?
9. Est-ce que la méthode d’entraînement mental peut fonctionner dans d’autres disciplines que le sport ?
10. Avez-vous eu des problèmes lors du tournage ?

 

11. Pourquoi avez-vous sélectionné ces scientifiques en particulier pour le film plutôt que d’autres ?
12. Comment en êtes-vous venu à vous intéresser au mental dans le sport ?
13. Est-ce que la stimulation mentale peut avoir des effets secondaires ?
14. Combien coûte l’entraînement mental d’un sportif ?
15. Est-ce que des études ont été faites sur des personnes atteintes de handicap à propos de l’entraînement mental ? Les résultats sont-ils les mêmes que sur les athlètes qui ne sont pas en situation de handicap ?
16. Combien de personnes, sportifs et équipe de tournage, sont intervenues dans le film ?
17. Est-ce que des sportifs avec des troubles cognitifs peuvent devenir athlètes de haut niveau ?
18. Pourquoi n’étudie-t-on le mental que maintenant ?
19. Qu’est-ce que ça vous a fait de rencontrer tous ces athlètes durant le tournage ?

Questions bonus

Le mental est-il plus important dans certains sports plutôt que dans d’autres ? Les entraînements cognitifs peuvent-ils être personnalisés en fonction du sport ?

Aymeric Guillot : Je ne sais pas si on peut dire que le mental est « plus important » dans un sport que dans un autre, car il est un élément indispensable à toute performance, quel que soit le domaine. En revanche, la place de l’entraînement mental peut varier en fonction des disciplines et de leurs caractéristiques. Ainsi, si on parle plus spécifiquement de l’imagerie mentale ou visualisation, dans les habiletés fermées (activités où il n’y a pas d’incertitudes spatiale, temporelle ou événementielle liée à ce que va faire l’adversaire), la place accordée à son entraînement sera certainement plus importante que dans les sports collectifs ou d’opposition. Toutefois, d’autres paramètres et d’autres habiletés mentales seront déterminants dans ces activités. En conséquence, le mental est vraiment un facteur de performance dans toutes les disciplines, simplement le type de travail mental et les qualités mentales primordiales à développer peuvent varier (il y en aura beaucoup de communes malgré tout !). Si la discipline peut influencer la nature du travail mental, il faut aussi prendre en compte toutes les caractéristiques individuelles (niveau d’expertise, capacité mentale, traits de personnalité…) qui sont essentielles pour l’individualisation et la personnalisation du travail.

Comment sait on qu’on a atteint le flow ? Serait-il possible de réexpliquer cette notion et ce qu’elle implique ? Peut-on atteindre le flow dans un autre domaine que le sport ? Est-ce accessible à tous ? Est-ce que le flow est juste un état mental ou est-ce que cela aide physiquement pour la performance ?

Aymeric Guillot :Le flow est littéralement un état de grâce, où le sportif passe en mode purement automatique : autrement dit, il réussit tout avec une facilité déconcertante, prend les bonnes décisions, reste lucide, a toujours un temps d’avance (souvent, dans le flow, on a le sentiment que tout va au ralenti, qu’on est toujours en avance et donc hyper performant), le tout sans effort et avec une fluidité de tous les instants. Certains sportifs l’accompagnent d’un sentiment de dépersonnalisation, un peu comme s’ils se dissociaient pour voir la scène se dérouler devant eux de manière idéale. Cet état est peu fréquent, et lorsqu’on l’a vécu, on tente parfois de l’apprivoiser pour le maîtriser et trouver des solutions pour y retourner. C’est vraiment une sensation particulière de plénitude. Celle-ci peut se rencontrer dans d’autres domaines que le sport : les musiciens, par exemple, le rapportent. Il est bien accessible à tout le monde et cela reste un état mental, mais dont les caractéristiques nous permettent d’avoir un effet direct sur la performance et le comportement.

Est-ce que tous les moyens mis en œuvre pour étudier le mental sont les mêmes dans tous les pays ? Combien coûte l’entraînement mental d’un sportif ?

Aymeric Guillot : La place accordée au mental et à son étude, ainsi que son importance, sont variées en fonction des pays. Si tout converge vers une place de plus en plus systématique, et donc une réduction des écarts entre les pays, certains accordent au mental davantage d’importance depuis plus longtemps alors que d’autres s’y intéressent de manière plus récente. Il reste délicat de parler d’argent pour ‘définir’ ou ‘conseiller’ un coût car il peut y avoir de grandes différences et de nombreux facteurs sont à prendre en compte. Globalement, un préparateur mental sera sur des prix comparables à ceux que l’on trouve en préparation physique.  Spontanément, pour donner un ordre d’idée, je dirais qu’une séance de suivi peut coûter entre 50 et 70€ en moyenne, mais encore une fois cela peut différer en fonction de la ville, du contenu, de la durée…

Pouvez-vous revenir sur la notion de dopage et de mental ? Comment vous positionnez-vous par rapport à cette problématique ?

Aymeric Guillot : On peut définir le dopage comme une aide ergogène à la performance, qui consiste à utiliser des substances ou matériels interdits pour améliorer ses performances (liste établie par des instances et organismes internationaux). À partir du moment où le travail mental n’est pas associé à une prise de substance potentiellement dangereuse pour l’intégrité de l’athlète, ou qu’il ne fait pas appel à une méthodologie là encore pouvant avoir des effets secondaires, on ne considère pas qu’il y ait dopage. L’entraînement mental consiste donc à mettre en œuvre des processus d’entraînements spécifiques ayant pour objectif d’améliorer de manière licite les performances. On peut se retrouver parfois à la limite, d’un point de vue questionnement éthique, et se demander dans quelle mesure cela relève d’une pratique dopante ou non. Par exemple, les stimulateurs cérébraux, qui ont vu le jour sur le marché ces dernières années, bien que la pratique soit connue des laboratoires de recherche depuis très longtemps, pose le question des effets secondaires à long terme et des risques pour l’athlète.

L’entraînement mental est-il plus important que l’entraînement physique ? Peut-on devenir champion seulement avec des entraînements mentaux?

Aymeric Guillot : Il n’est pas plus important, il est complémentaire. Les effets d’un entraînement mental restent généralement toujours inférieurs à ceux d’un entraînement physique. Il faut voir le travail mental comme un complément et non comme un substitut au travail technique et au travail physique, sauf en cas de blessure ou de surentraînement. Il paraît impossible de voir un entraînement mental seul permettre d’atteindre des niveaux équivalents à ceux d’un entraînement physique ou mieux encore, à leur combinaison.

Les méthodes de stimulation transcraniennes sont elles efficaces à long terme? Est ce que la stimulation mentale peut avoir des effets secondaires ? De manière générale, les expériences d’entraînement du mental pourraient-elles nuire à la santé du sportif ?

Aymeric Guillot : Je faisais justement référence à cela dans une question précédente. Il est difficile aujourd’hui de statuer et affirmer qu’il n’y a pas de risques, à long terme, pour les sportifs. La question éthique se pose clairement, d’autant qu’il y a des personnes qui ne sont pas éligibles à ce travail pour des raisons médicales antérieures, par exemple. Les données récoltées jusqu’à présent semblent ne pas mettre en évidence de risque pour la santé, simplement quelques inconforts, parfois, à l’usage, mais encore une fois il est difficile de tirer des conclusions. Les données sur la performance sont très divergentes, également, car des gains sont parfois observés, en termes d’apprentissage ou de performance, mais ils ne sont pas systématiques. 

Est ce que les entraineurs ont aussi une préparation mentale ?

Aymeric Guillot : Certains athlètes n’en ont pas encore, donc il est facile d’imaginer que de nombreux entraîneurs ne suivent pas de préparation mentale spécifique. Toutefois, c’est là encore quelque chose qui se développe. Ainsi, certains entraîneurs, mais aussi des arbitres, font de la préparation mentale spécifique : pour surmonter un stress, réguler ses émotions et diminuer l’anxiété, pour garder la lucidité dans les moments anxiogènes, pour se conditionner positivement, pour se mettre dans les meilleures dispositions… ce ne sont que des exemples et il est probable que ces approches se développent dans les années à venir.

Est-ce qu’avoir été blessé plusieurs fois donne un meilleur mental ?

Aymeric Guillot : Alors, la réponse peut partir dans les deux directions, car c’est une épisode très difficile au cours duquel les sportifs peuvent répondre de manière très différente. Déjà, avant de répondre directement à la question, il est important de comprendre qu’il est pertinent d’intégrer un travail mental lorsqu’on est blessé : pour diminuer les douleurs perçues, accepter la situation et garder confiance, se mettre dans les meilleures dispositions pour récupérer, avoir un état d’esprit positif, récupérer physiologiquement et fonctionnellement les capacités motrices, diminuer l’anxiété de reblessure, se conditionner à la reprise, ou encore continuer de se préparer mentalement sur les dimensions techniques et tactiques. Le mental est donc une vraie aide à la récupération des fonctions motrices.

Le fait de l’intégrer et de bien récupérer va aider le sportif à construire une approche positive de la période de blessure, et donc de s’éduquer à bien se comporter lorsque cela se présente. Dans ce cas-là, la répétition des blessures peut lui permettre, paradoxalement, d’être plus performant mentalement.

En revanche, une rechute, une blessure de compensation, un enchaînement de blessures… peuvent avoir des effets négatifs, semer le doute, frustrer et inquiéter… et même pousser le sportif dans le fatalisme et la résignation. Un état d’esprit négatif et des croyances négatives seront alors des ennemis coriaces, qui pousseront le sportif à la réalisation automatique de ses prédictions, souvent négatives. Il faut absolument éviter cela.

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