Vous trouverez ci-dessous :
- une vidéo replay de l’échange enregistré en présence de Lucia Di Iorio, chercheuse en éco-acoustique à l’Université de Perpignan, au Centre de Formation et de Recherche sur les Environnements Méditerranéens et intervenante présente dans le film et Jacques Mitsch, co-auteur et réalisateur du film.
- une sélection de questions-réponses bonus (posées par les élèves).
Détails des chapitres :
1. C’est quoi, être chercheuse en éco-acoustique ?
2. Pourquoi avez-vous réalisé ce film ? Dans quel contexte a-t-il été réalisé ?
3. Est-ce que les autres poissons comprennent le « couacoua » ?
4. Comment arrivez-vous à filmer sous l’eau ?
5. Sondage à destination des élèves : à votre avis, est-ce que tous les poissons font du bruit ?
6. Combien de temps avez-vous pris pour faire le montage du film ?
7. Comment devient-on bioacousticien ?
8. Est-ce que le tournage a été difficile ?
9. Est-ce que travailler sur les poissons a changé votre regard sur eux ?
10. Comment les rascasses font-elles « couacoua » ?
11. Comprenez-vous le langage des poissons ?
12. Pourquoi faites-vous ces recherches ?
13. Y a-t-il un animal qui vous a vraiment marqué ?
14. Les raisons de la recherche en éco-acoustique
15. Est-ce que vous avez déjà rencontré des requins blancs et cherché à les écouter ?
16. Sondage à destination des élèves : à votre avis, les poissons entendent-ils comme nous ?
17. Quel est le prédateur de la rascasse, et est-ce qu’il peut l’entendre et la trouver si elle communique ?
18. Ne faites-vous que des films sur les animaux ?
19. Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
20. Comment les poissons peuvent communiquer sur des milliers de kilomètres ?
Questions bonus
Pourquoi avez-vous appelé la rascasse le poisson invisible?
Jacques Mitsch : j’ai proposé des titres amenant le mystère aux films de la série À l’écoute de la nature, dont fait partie cet épisode sur le poisson invisible :
— Le Secret du fou volant
— L’Énigme du cri silencieux
— Le Mystère du poisson invisible :
Pour cet épisode en particulier, parce que la rascasse est un poisson qui est très difficile à voir dans les crevasses, les rochers ou sous les algues.
Comment faites-vous pour monter les différentes images (sous la mer, en laboratoire, les dessins animés …) ?
Jacques Mitsch : Nous passons beaucoup de temps mon monteur et moi dans la salle de montage. Mais avant, il faut imaginer l’histoire que l’on veut raconter en écrivant un scénario. Les dessins animés viennent après, ils servent à expliquer plus facilement les choses que l’on ne peut pas voir.
De quel matériel avez-vous eu besoin pour réaliser le film ?
Jacques Mitsch : On utilise un caisson étanche (voir photo ci-dessous) pour filmer sous l’eau. C’est une sorte de boite étanche qui entoure la caméra pour éviter que l’eau ne pénètre à l’intérieur.
Comment avez-vous eu l’idée d’inventer l’hydrophone ? et comment avez-vous fait?
Jacques Mitsch : Je n’ai pas inventé l’hydrophone…. Un hydrophone est un microphone destiné à être utilisé sous l’eau. C’est l’outil principal pour les bioacousticiens pour enregistrer et écouter ce qui se passe sous l’eau.
Est-ce que vous avez fait d’autres films sur le monde aquatique ?
Jacques Mitsch : Non, pas pour l’instant.
Est-ce qu’il y avait d’autres bio acousticiens qui travaillaient sur la rascasse à part ceux que nous avons vu dans le film ?
Lucia Di Iorio : D’autres acousticiens l’ont déjà enregistrée mais Eric, Marta et moi sommes ceux qui ont pris ce son et son origine à cœur.
Comment avez-vous pensé, à l’origine, que le poisson qui produisait le kwakwa était la rascasse?
Lucia Di Iorio : Nous avons avancé par exclusion. Tout d’abord, nous avons étudié la liste des espèces présentes dans les herbiers. Vu la quantité de sons, il fallait que ça soit une espèce très abondante. Grâce à des enregistrements très pointus des sons, nous avions pu aussi identifier que la source se trouvait près du fond et qu’elle ne bougeait pas beaucoup. Donc, l’espèce devait être abondante, benthique (qui vit sur le fond), et territoriale. Par exclusion, celle qui regroupait tout ca : c’était la rascasse. C’est ainsi que nous avons ensuite essayé de la filmer et de l’enregistrer pour confirmer que c’était bien elle.
Quelle émotion avez vous ressenti quand vous avez trouvé que le kwa-kwa venait de la rascasse?
Lucia Di Iorio : Beaucoup de joie :). On s’est appelé avec Marta et Eric pour fêter ca.
Est-ce que lorsque vous pêchez les rascasses, pour les étudier, vous les relâchez ensuite dans la nature ?
Lucia Di Iorio : En général, on essaie de laisser les animaux là où ils sont en nature. Parfois, on est obligé de les pêcher, mais généralement, si on les utilise que pour les enregistrer en bassin, on les relâche par la suite. Si les rascasses servent pour comprendre comment les sons sont émis, on ne les relâche pas.
Quels autres modes de communication l’éco-acoustique a-t-elle permis de découvrir?
Lucia Di Iorio : C’est le travail principal d’un/e biostatisticien/nne ; comprendre qui utilise et comment sont utilisés les sons pour la communication: reproduction, défense, alarme, nutrition…. L’éco-acoustique permet de découvrir plein de sons encore méconnus et d’étudier un ensemble de sons représentatifs d’une communauté (un ensemble d’espèces différentes qui vivent ensemble). L’éco-acoustique n’étudie pas forcément les modes de communication mais elle utilise les sons des animaux (et bruits humains) pour mieux comprendre et étudier l’environnement et les changements.
Comment arrivez-vous à distinguer les différents sons après un enregistrement ?
Lucia Di Iorio : Pour les distinquer on les regarde. Car tous les sons peuvent être représentés en image (voir ci-dessous). Ici, un exemple de différents types de sons. Ensuite, de chaque son on extrait des caractéristiques acoustiques comme sa durée, le nombre de pulses, la fréquence etc. qui permettent de distinguer un son d’un autre.
Combien de temps vous a-t-il fallu pour découvrir que le squelette de l’oursin craque ?
Quelqu’un d’autre avant moi l’avait déjà découvert. Je n’ai pas dû faire un grand effort dans ce cas…
Est ce que les autres requins (autres que le requin blanc dont on a parlé) entendent ou communiquent (le requin baleine par exemple) ?
Tous ceux qu’on a étudiés entendent les bruits mais pas très bien. Comme on n’a pas trouvé d’organe qui permettrait de produire des sons, on pense qu’ils n’utilisent pas l’acoustique pour communiquer entre eux.