Questions bonus
Où les personnes qui tournaient le film ont-elles dormi ?
Frédéric Febvre : Nous dormions dans un camp de fortune, dans des tentes, dans les ruines d’un vieux lodge. Heureusement, grâce à un groupe électrogène, nous avions de l’électricité pour recharger les batteries des caméras et avions de l’eau chaude pour se doucher.
Prévoyez-vous une suite à votre film afin de nous montrer la réintroduction des carnivores ?
Frédéric Febvre : Rien n’est prévu pour le moment. Mais l’idée est intéressante et a déjà été évoquée avec mes producteurs. Refaire un film à Zinave dans une dizaine d’années après la réintroduction des grands carnivores et la stabilisation de l’écosystème serait une suite logique.
En quelle année prévoyez-vous l’équilibre des écosystèmes ?
Frédéric Febvre : A mon humble avis, sans être un spécialiste du ré-ensauvagement, il faut plusieurs dizaines d’années. Réparer un écosystème est long et fastidieux. L’échelle de temps de la nature n’est pas le même que le notre. Il faut laisser le temps aux herbivores d’ouvrir le paysage, aux carnivores de réguler, à la végétation de se régénérer. Et il y a aussi le facteur humain, l’impact de l’homme… Pour que ce projet réussisse comme tant d’autres, il faut aussi et surtout que la situation politique, sociale et économique du pays soit favorable et pérenne. La notion de rewilding et de ré-ensauvagement est très récente, avec encore beaucoup d’inconnues.
Meredith Root-Bernstein : Les écosystèmes n’ont pas d’équilibre, on a émis l’hypothèse des équilibres d’écosystèmes au début du XXeme siècle, mais il n’y a pas d’évidence pour. Les écosystèmes changent de taille, position, et composition tout le temps. Il n’y a pas d’équilibre naturel, mais il y a des situations que l’on préfère, en tant qu’humains qui habitent dans des écosystèmes. Dans le cas de Zinave, je n’ai aucune idée. Généralement, on pense en termes de décennies, ou de siècles. Dans le réensauvagement, c’est difficile de dire quand (ou si) certaines choses vont se passer, car nous ne sommes pas en charge des processus écologiques, et nous ne les comprenons pas complètement.
Pourquoi en cas de surpopulation, on doit abattre les animaux en trop ?
Meredith Root-Bernstein : Le problème, c’est que s’il y a une surpopulation, deux choses peuvent se passer :
— 1) les animaux en trop vont mourir de faim, donc les tuer pourrait leur donner une mort avec moins de souffrance, tout en évitant le deuxième problème :
— 2) les animaux en trop, s’ils sont herbivores (normalement), vont manger toute la végétation et endommager les sols, ce qui pourrait créer un situation de désertification pendant quelques temps. Mais, il y a d’autres solutions, par exemple, de transporter les animaux à un autre endroit, ou de réintroduire des carnivores.
Pourquoi ne pas avoir partagé le parc en deux parties : une partie pour les herbivores, une partie pour les carnivores ?
Meredith Root-Bernstein : Parce que les carnivores ont besoin de quelque chose à manger: en occurrence, les herbivores ! Aussi, si on les sépare, et on donne aux carnivores quelque chose d’autre à manger (de la viande produit sur une ferme par exemple), ça serait comme un zoo. L’idée, à Zinave, ce n’est pas seulement de conserver les animaux, comme dans un zoo, mais de laisser la nature reprendre tout ses processus, toutes ses interactions normales. Cela inclut le fait que les carnivores chassent des herbivores et qu’ils vivent ensemble.